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" Un apôtre du nom de Thomas "
Un apôtre du nom de Thomas,
figure médiévale singulière de la profession de foi
Des temps romans à l'âge gothique
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Thomas appelé Didyme (le Jumeau) fait partie du petit groupe des Douze, ces disciples que Jésus a choisis, dès les premiers jours de sa vie publique, pour en faire ses apôtres.
Toujours présent dans les quatre listes établies par le Nouveau Testament, il est placé dans les trois premiers Evangiles, à côté de Matthieu (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15), alors que dans les Actes, il se trouve près de Philippe (cf. Ac 1, 13).
Seul l’évangile de Jean s’intéresse plus largement à Thomas. Il est est le seul à le fait intervenir dans quatre épisodes importants. dans lesquels plusieurs interventions de Thomas nous révèlent son caractère.
C'est grâce à ses questions et à ses doutes que Thomas, doit sa célébrité. L’apôtre saint Thomas est le patron des chrétiens dont la foi connaît le doute.
Plus largement, " être comme saint Thomas" est une expression passée dans le langage courant pour critiquer quelqu’un qui ne croit que ce qu’il voit.
L’incrédulité de St Thomas; miniature sur vélin ;
C. 1200 (manuscrit "Den Haag, KB, 76 F 5"); Koninklijke Bibliotheek, La Haye
☞ Regards sur la profession de foi de l’Apôtre saint Thomas.
Nombreux sont les commentateurs - Cardinal Philippe Barbarin et pape Benoît XVI notamment- qui ont dans leurs homélies et catéchèses ont évoqué la singulière profession de foi de Thomas.
Le Quatrième Evangile, en particulier, nous offre plusieurs informations qui décrivent certains traits significatifs de sa personnalité :
*La première concerne l'exhortation qu'il fit aux autres Apôtres lorsque Jésus annonce que Lazare vient de mourir et qu’il veut aller auprès de lui, les disciples, hésitants et craintifs, essaient de l’en dissuader : « Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ? ». Mais Thomas leur réplique : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 8-16). Cette réaction montre un homme courageux, décidé à suivre Le Christ même sur un chemin semé d’embûches, et obligeant lses compagnons à sortir de la peur qui les paralyse. Sa détermination à suivre le Maître est véritablement exemplaire et nous offre un précieux enseignement : elle révèle la totale disponibilité à suivre Jésus, jusqu'à identifier son propre destin avec le sien et à vouloir partager avec Lui l'épreuve suprême de la mort.
*Une deuxième intervention de Thomas apparaît lors de la Dernière Cène. A cette occasion, Jésus, prédisant son départ imminent, annonce qu'il va préparer une place à ses disciples pour qu'ils aillent eux aussi là où il se trouve; et il leur précise : « Pour aller où je m'en vais, vous savez le chemin » (Jn 14, 4). C'est alors que Thomas intervient en disant : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jn 14, 5). En réalité, avec cette phrase, il révèle un niveau de compréhension plutôt bas; mais ses paroles fournissent à Jésus l'occasion de prononcer la célèbre définition : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). C'est donc tout d'abord à Thomas que cette révélation est faite, mais elle vaut pour nous tous et pour tous les temps. On sait l'incrédulité avec laquelle Thomas accueillit le témoignage unanime des dix apôtres qui avaient vu Jésus ressuscité le soir de Pâques.
Duccio di Buoninsegna : la Maestà, face arrière, détail : l’incrédulité de Thomas. 1308-1311.
Sienne, musée de l’Œuvre du Dôme.
*La scène de l'incrédulité de Thomas qui eut lieu huit jours après Pâques est célèbre. L’Evangile de Jésus Christ sur l’Apôtre Saint Thomas selon Saint Jean (20, 24-29) :
L’un des douze, Thomas (dont le nom signifie « Jumeau »), n'était pas avec les disciples quand Jésus était venu. Quand Thomas rentre au Cénacle et retrouve ses compagnons ceux-ci lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ! » Ces paroles ne suffisent pas à Thomas qui ne se fie pas à ce que ses compagnons lui disent. Il veut un signe extraordinaire. Il veut voir, il veut mettre sa main dans la marque des clous et dans son côté. C’est peut-être là que Thomas est le plus admirable. Sa réponse à leur déclaration humainement « délirante » est celle d’un homme de bon sens, solide et réaliste, qui appelle ses condisciples à garder la raison. Il ne veut pas laisser ses compagnons s’égarer dans une hallucination collective.
Jésus n'abandonne pas Thomas dans son incrédulité ; il lui donne patiemment en quelque sorte le temps d'une semaine.
*Voilà que, huit jours plus tard, « Jésus vient (…) et il était là au milieu d’eux. » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant. » Thomas reconnaît alors son peu de foi. Il lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il est bouleversé de joie en voyant Le Seigneur, tellement heureux de s’être trompé, tellement heureux que les autres aient eu raison ! Par cette réponse toute simple mais pleine de foi, Thomas qui a vu un homme, a reconnu son Dieu. On a pu dire que cette profession de foi est le sommet de l'Evangile de Jean. Jésus formule alors la béatitude de la foi. « Mon Seigneur et mon Dieu », la profession de foi de Thomas est devenue celle de l'Eglise.
A cette confession, Jésus répond par une béatitude destinée à ceux qui croiront sans l’avoir vu. L'évangéliste poursuit par une dernière parole de Jésus à Thomas : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (Jn 20, 29). Cette phrase peut également être mise au présent : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Quoi qu'il en soit, Jésus annonce un principe fondamental pour les Chrétiens qui viendront après Thomas, et donc pour les chrétiens de tous les temps.
Le cas de l'Apôtre Thomas est important pour les fidèles parce que les paroles qu'il adresse à Jésus les encouragent à poursuivre, malgré les difficultés, le chemin d'adhésion à sa personne.
☞ Thomas évangélisateur.
Selon une antique tradition, Thomas évangélisa tout d'abord la Syrie et la Perse (c'est ce à quoi fait référence déjà Origène, rapporté par Eusèbe de Césarée ) et se rendit ensuite jusqu'en Inde occidentale d'où il atteignit également l'Inde méridionale.
Partout, sur son passage, l’Apôtre établissait des chrétientés, ordonnait des prêtres, consacrait des évêques. C'est en Inde du Sud vers l’an 79 qu'il fut tué d’un coup de lance par un prêtre païen, jaloux de ses miracles. Il fut enseveli à Mylapore, près de Madras, l’actuelle Chennai. Vers 232, ses reliques furent transférées de Mylapore à Edesse, l’actuelle Urfa en Turquie. Cependant la basilique San Tommaso Apostolo de la ville d’Ortona dans les Abruzzes se targue depuis le XIIIème siècle de posséder les reliques du Saint.
Lorsque au XIVe siècle, les Européens s’emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions des peuples de ce vaste pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas.
Pilier du cloître Santo Domingo de Silos, Castille, Espagne
C'est sous le nom de cet apôtre que furent ensuite écrits les Actes et l'Evangile de Thomas, tous deux apocryphes, mais tout de même importants pour l'étude des origines Chrétiennes.
L'influence des textes apocryphes dans les représentations imagées et sculptées, malgré la non reconnaissance officielle par l'Eglise de la validité de ces textes, est majeure.
Porte sud de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, Poitiers, Vienne
C'est ainsi qu'au-delà des textes canoniques les scènes de la vie de Thomas que l'on trouve dans les œuvres d'art empruntent largement aux écrits apocryphes.
Généralement peu représentée dans les églises la vie légendaire de Thomas relatée par les textes apocryphes est sculptée sur quelques tympans gothiques tels ceux des cathédrales de Strasbourg et de Poitiers et de la collégiale de Semur-en-Auxois.
Les figurations romanes de Thomas paraissent relativement peu nombreuses ; l'apôtre est souvent peu distingué parmi ses condisciples et lorsqu'il est représenté c'est le plus souvent son incrédulité qui est mise en scène telle que rapportée par les Saintes Ecritures canoniques ou par la "Légende dorée".
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